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La bête noire suite...

14 Septembre 2020 , Rédigé par Simpl'etsens Publié dans #Faune du jardin

La bête noire suite...

Mais tout bien réfléchi, le plus sage pour notre ami c’est encore de ne jamais se retrouver en situation d’avoir à affronter l’homme.

Et pour cela les moyens sont limités : rester en état de vigilance perpétuelle, s’inquiéter du moindre bruit (un office que les larges oreilles mobiles du sanglier remplissent à merveille) et surtout, surtout guetter les odeurs charriées par le vent. C’est à peu près tout ce qu’on peut faire…

En ce qui concerne cette dernière nécessité,

l’animal dispose, il est vrai, d’un instrument sérieux : son groin ou boutoir. C’est un appareil de détection de première catégorie, tout aussi capable de déceler sous les feuilles et l’humus la senteur discrète d’un champignon naissant que de repérer les œufs chauds d’une faisane, friandises dont on fera sans tarder son dessert.

Inutile de vous dire que, comparées à ces effluves sylvestres, l’épouvantable puanteur de l’homme (un mélange écœurant de sueur, de tabac et de savonnette) se repère, elle, à des km… Sitôt cet indésirable localisé, l’alerte générale est donnée : la compagnie tout entière, sortant des bauges, se place sur le qui-vive, prête à déguerpir à tout moment.

La bête noire suite...

Sa journée...

le sanglier la passe dans une sorte de bassin peu profond, vaguement creusé par lui-même dans le sol, et où il s’allonge : la bauge. Une manière de gîte mais adapté, cela va de soi, à la taille du propriétaire.

On ne creuse pas sa bauge n’importe où

Il est recommandé de l’installer à l’abri des regards indiscrets, sous les branches tombantes d’un épicéa, au cœur d’un roncier impénétrable, entre les racines d’un arbre fauché par la tempête etc., etc.

On s’installe dans sa bauge : tout seul si l’on est vieux solitaire ronchon, en compagnie de quelques bons camarades lorsque l’on a meilleur caractère, ou bien encore avec ses petits marcassins chaudement nichés contre soi quand on est mère-laie…

Hiver comme été, la masse des bêtes noires vautrées l’une contre l’autre fait l’effet d’un curieux rocher sombre que parfois, lentement, recouvre la neige… 

Mais, à la tombée de la nuit, les divers rochers se dressent sur leur 4 pattes courtes, s’ébrouent, se rassemblent : la laie…Ses jeunes marcassins au dos encore rayé… Ses « petits » de l’ancienne portée (ils n’ont d’ailleurs plus de « petits » que le nom) puisque, maintenant, ils dépassent tous les 30kg…Et puis aussi quelques mâles des années précédentes nantis de défenses déjà impressionnantes, le poil noir et l’allure farouche, qui sont là un peu en guise d’escorte armée, bien que ne faisant pas forcément partie de la famille.

Et voilà : dans la pénombre du soir, la compagnie se répand dans le bois, fouillant du boutoir dans les feuilles mortes. À cette heure crépusculaire, tandis que les merles égrènent leur tic-tic-tic monotone, on se sent une faim d’ogre.

La bête noire suite...

Tout est bon à prendre :

Les glands et les faines pour commencer, c’est la nourriture de base. Sans elle, que deviendrait-on ? Mais aussi les tubercules forestiers tels celui de l’arum tacheté, les racines de fougères, les fruits sauvages du cornouiller, les bulbes d’ail des ours…

Sans oublier tout ce qui est tendre et qui bouge : les larves, les escargots, les oisillons trouvés à terre, les levrauts, les vipères (dont on ne craint pas le venin), le hérisson même : les adultes n’ont pas leur pareil pour extraire à grands coups de rasoirs la pauvre bête de son costume de châtaigne…

La glandée est-elle médiocre sous les chênes ? 

Qu’à cela ne tienne : à quelques centaines de mètres à peine, les paysans du voisinage se sont bêtement mis en tête de cultiver, qui du blé, qui du maïs, qui des pommes de terre et des betteraves. Ce n’est pas pour les chiens, toutes ces bonnes choses ! Sans compter que désormais, vu l’interdiction de la chasse à l’affût, en pleine nuit, près des cultures, le vol de céréales n’est plus puni de mort subite. Une véritable aubaine. Bien bête celui qui n’en profiterait pas…

Autre cérémonie traditionnelle 

à laquelle il faut savoir sacrifier : la petite trempette dans la boue… La baignade de toute cette bande de cochons a lieu, comme de juste, dans un lieu humide : un marécage en bordure d’étang par exemple, ou bien tout simplement une vulgaire ornière dans un chemin de débardage.

Se rouler avec allégresse dans la bourbe correspond (vous ne le croirez pas mais tant pis) à un sincère souci de propreté de la part de ces méticuleux quadrupèdes. En effet, mettons-nous un instant à leur place : toutes ces puces et ces tiques qui nous dévorent le cuir à longueur de journée, les voilà maintenant enrobées dans la glaise ! Attendons ensemble quelques instants que cela sèche et puis nous irons nous frotter longuement les flancs contre le tronc de ce jeune chêne, là-bas, oui : celui dont l’écorce est usée à force d’avoir joué les brosses à sanglier…Et alors, adieu maudite engeance !...

Le shampoing à la boue, chers petits ignorants, c’est cela le degré suprême de l’hygiène corporelle.

Bon, ce n’est pas tout, on fait trempette, on bricole, on s’amuse et, pendant ce temps là, l’heure tourne. Voilà déjà le ciel qui passe du violet au rose...

Compagnie en avant ! direction la bauge…

À suivre...

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