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18 Juin 2023 , Rédigé par Simpl'etsens Publié dans #Lire

Merci infiniment pour ce conseil de lecture

Merci infiniment pour ce conseil de lecture

Extrait...

La chute…

Un cri…

Un cri qui n’a pas cessé depuis l’annonce de sa mort…

Tantôt silencieux, tantôt étouffé les dents plantées dans mon bras, parfois hurlement en regardant le soleil à m’en brûler les yeux ou, au plus nuit de la nuit, quand je me réveille criant la douleur du fils que l’on m’a arraché.  Je suis une femme emmurée dans une citadelle de douleur. Nul ne parviendra à me rejoindre.

A chacun sa passion

Avant, je croyais que la passion était un breuvage composé de joie et de folie. J’ai découvert qu’elle pouvait aussi vous prendre dans le creux d’une main sombre, transcender l’ordinaire d’une vie non vers des cieux clairs, mais dans les ténèbres des mères orphelines de leur fils. A l’annonce de sa mort, j’ai senti la couronne d’épines ceindre mon front. Aucune rose au milieu des épines.

Puis j’ai vu son corps.

Il dort…

De ce moment, je garde le souvenir de ma révolte. Jamais de ma vie de femme, je n’ai perçu combien toutes les particules qui composent un corps peuvent se révolter au point de n’être plus que braise incandescente. Je brûlais en moi-même et me brulais à moi-même.

Je voulu le prendre dans mes bras, mais je ne sentis plus que la dureté. Tel le bois de l’arbre abattu qui n’accueille plus d’oiseau dans ses branches. Les oiseaux ne se posent pas sur des branches à terre.  La mort d’un fils se moque des frontières et des siècles.

La mort d’un fils est le plus grand scandale que le monde ait créé. C’est la raison pour laquelle il faut laisser Dieu en dehors de cela. Jamais il n’aurait permis tel crime à la vie, tel poignard dans le dos de l’humanité. La mort d’un fils est un rendez-vous qui déchire toutes les autres pages du calendrier d’une vie.

Depuis le matin de sa mort, l’harmattan s’engouffre dans chacune de mes respirations. Mais on ne décide pas de ne plus battre du cœur. On ne vit pas. Enveloppe, illusion, déguisement de vie. Mais on ne vit pas. On reste ; douleur parmi les douleurs des mères qui ont perdu leur fils.

Perle noire d’un collier invisible qui traverse le monde et relie des femmes inconnues les unes aux autres. A celle du bidonville de Calcutta qui voit brûler son enfant sur le Gange, aux impératrices et aux reines qui, malgré leurs cavaliers armés sur de grands chevaux ne vaincront jamais sur ce champ de bataille, et chercheront leur vie durant dans les jardins de leur palais le fils parti pour toujours. 

Est-ce pour la douleur des mères que l’on a bâti des cathédrales ? Mais est-il une église assez grande pour accueillir tous les cierges des mères en larmes… Si je venais à croiser une seule de ces femmes, je sais que je la reconnaîtrais à l’ombre de sa nuit dans le regard.

J’ai aimé mon fils sans fin, donnant tout, prenant tout. J’étais dans les tribunes de sa vie pour que chaque jour il perçoive combien il était mon héros ! Et je le regardais du cœur, je le regardais de tout mon cœur, passager dans sa vie, embarqué pour le meilleur, je croyais, je le voulais tant !

Les mères croient en leur puissance. Mais le chemin d’une vie n’appartient qu’à celui qui la vit. Les fils sont libres et c’est bien ainsi. Et la mère, chaque jour passant, apprend davantage l’humilité de son propre chemin. La place de la mère n’est pas devant le fils. Le fils doit marcher le regard large, sans être encombré de la mère. J’ai tant voulu qu’il marche loin, qu’il marche haut. J’aurais donné ma vie pour qu’il aille toujours plus loin, plus haut. Mais donner ma vie n’aurait pas changé la sienne. Impuissance ultime.

Cendres

Cendres du fils dans les mains de sa mère.

Qui a imaginé un jour qu’une mère puisse plonger la main dans les cendres de son fils ! Alors que quelques jours avant ces mêmes mains entouraient ce fils de leur amour, ce sont elles qui, encore chaudes de cet amour, empoignent des cendres qui glissent entre les doigts, s’échappent. Rien ne peut être retenu. Son souffle disparu n’avait-il pas déjà ôté tout le souffle du monde qu’il faille insister plus encore ? Mon fils a-t-il toujours bien senti combien je serrais sa main ?

La sent-il par-delà la mort ?

 

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