La Grande consoude, suite...
Consoude vient du latin consolida, consolido, je consolide, je répare : symphytum, en grec, a le même sens.
Autant dire que cette plante jouissait, chez les anciens, d’une grande estime.
De Dioscoride (1er siècle) qui la prescrivait contre les crachements de sang et sur les hémorroïdes, à Fernel (XVIème siècle), qui en composa un sirop longtemps réputé dans les maladies de poitrine, l’hémoptysie, la phtisie, la consoude connut en effet tous les emplois des grands vulnéraires, en interne comme en externe.
Sa gloire s’éclipsa peu à peu dans les siècles suivants et c’est seulement au début du nôtre que le médecin anglais Macalister (1912) remarqua l’excellent effet de l’infusion concentrée de racine sur des ulcères rebelles à tout traitement.
Il publia des observations qui incitèrent 2 chercheurs également anglais, Titherley et Coppin, à étudier la composition chimique de la plante. L’analyse montra un taux élevé d’allantoïne, substance épithéliogène présente dans le liquide amniotique des mammifères.
Par la suite, on y trouva du tanin, une huile essentielle, une résine, beaucoup de mucilage, etc.
Ces divers constituants font de la plante une active réparatrice des tissus, à la fois anti-hémorragique, cicatrisante et calmante.
La consoude est facilement reconnaissable lorsqu’elle est en fleurs ; cette plante robuste, vivace avec ses feuilles épaisses et plus ou moins rêches, peut atteindre 1,20 mètre.
On trouve la grande consoude au bord des rivières, des routes, les fossés. Les grosses touffes de la grande consoude aiment les sols gorgés d’eau.
Elle fleurit de mai à juillet dans les lieux humides de presque toute la France, parfois en masses. Elle est rare dans le midi. Il lui arrive d’être envahissante.
On utilise principalement la racine et comme vous avez pu le voir sur la vidéo, la consoude possède une souche épaisse et ramifiée que l’on récolte à l’automne pour les préparations et toute l’année pour l’usage immédiat.
La tige est rameuse, ailée, à poils raides. Ses feuilles inférieures sont ovales, pétiolées, atteignant 25 cm et plus, les moyennes sessiles (sans pétiole), prolongées en aile sur la tige.
Les fleurs roses, violacées ou d’un blanc jaunâtre, à corolle tubuleuse d’environ 15mm, s ‘ouvrant en 5 lobes très courts, retroussés, sont réunies en petites grappes roulés sur elles-mêmes avant la floraison et se déployant progressivement.
La consoude contient (racine)
- De l’allantoïne, des polysaccharides, des mucilages, des tanins, des triterpènes et des alcaloïdes pyrrolizidiniques.
À noter : Les feuilles contiennent également des alcaloïdes, mais en plus faible quantité, les jeunes feuilles en contenant plus que les plus âgées.
Ses propriétés principales sont :
Par voie externe
Cicatrisante, émolliente, antiprurigineuse, anti-inflammatoire (soulage les douleurs articulaires), anti-hémorragique.
Par voie interne
Anti-inflammatoire (soulage les douleurs gastriques), béchique (antitussive), anti-hémorragique.
Ses indications principales sont :
Par voie externe
Entorse, contusions, fractures, hématomes, brûlures, prurit, gerçures, plaies suppurées, ulcères variqueux difficiles à guérir.
Par voie interne
Maux de gorge, hémorragies, toux, ulcères.
On pourra l’employer
- En gargarismes : infusé concentré de racine, contre les maux de gorge.
- En cataplasmes de racine fraîche pilée, de macération de racine dans l’eau ou dans l’huile sur les plaies et brûlures (régénère et cicatrise les tissus en surface et en profondeur).
- En poudre de racine sèche avec de l’argile ou une matière grasse dans les douleurs articulaires, les crevasses, les gerçures.
- Fraîche: Les nourrices, autrefois, pratiquaient dans la racine fraîche une cavité de la taille d’un dé à coudre et y introduisaient le mamelon gercé.
Précautions d’emploi
- La racine et les feuilles de consoude sont hépato-toxiques ; on ne l’utilisera donc pas, à priori, par voie interne ou alors sur de courtes durée. Cette toxicité est due aux alcaloïdes. La pénétration percutanée des alcaloïdes est faible et ne présente pas de risque.
- Attention avant la floraison, les feuilles de digitale, très toxiques, pourraient être confondues avec celles de la consoude. Au toucher, la digitale est douce alors que la consoude est rêche.
- Il est important de ne pas la confondre avec la consoude tubéreuse (Symphytum tuberosum), de 20 à 40cm, à fleurs jaune clair, à feuilles à peine prolongées en aile sur la tige, les inférieures plus petites que les supérieures, à racine tubérisée dès le collet. Cette plante ne partage pas les vertus de la grande consoude.
- Les préparations de consoude, riches en tanins, ne doivent pas être mises en contact avec le fer.
- Par principe de précaution la consoude est CI chez les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes par manque de données.
Mais surtout, il est important de se rappeler :
Que ce blog n'est pas une incitation à l'automédication. Il est juste un éveil au monde des plantes et un partage de savoir. Les plantes ne sont pas des produits anodins.
En cas de problème, il est indispensable de consulter un médecin ou un pharmacien.
Sources
- « Le Livre des bonnes herbes » de Pierre Lieutaghi, Éditions Actes Sud.
- Dictionnaire visuel de botanique de Maurice Reille, Éditions Ulmer.
- « Stage d’herboristerie pratique d’automne » avec Thierry Thevenin et Cédric Perraudeau à Mercin dans la Creuse du 1er au 4 novembre 2018.
- Fiches de plantes médicinales de « ELPM » École Lyonnaise de Plantes Médicinales et des savoirs naturels » Lycée horticole de Dardilly.