Le figuier, tout savoir!
L'inflorescence du figuier et les étapes de la floraison à fructification sont exceptionnelles et méritent quelques lignes.
La figue n'est pas un vrai fruit mais, en langage botanique, un réceptacle, creusé en outre, ouvert au sommet par un "œil" que protègent quelques écailles, tapissé intérieurement de fleurs minuscules, très nombreuses, et les vrais fruits sont les innombrables pépins.
Trois poussées de figues se succèdent chaque année sur les arbrisseaux sauvages ou "caprifiguiers":
- au printemps, les réceptacles renferment des fleurs femelles à style court, stériles, et, vers l'œil, des fleurs mâles productrices de pollen;
- en été, des fleurs femelles fertiles à style long;
- en automne, des fleurs à nouveau toutes stériles.
La pollinisation et la fécondation seraient donc impossibles sans l'intervention d'un agent extérieur transporteur de pollen des figues de printemps à celles de l'été.
Ce convoyeur est un hyménoptère minuscule, le Blastophaga psenes, qui réalise avec le figuier une symbiose puisque ni l'arbre ni l'insecte ne pourraient se reproduire sans assistance mutuelle.
Au printemps, les femelles Blastophaga pondent dans les fleurs stériles et y suscitent des galles. En sortent des insectes mâles et femelles qui s'accouplent aussitôt dans la figue. Les femelles de la nouvelle génération, en quittant leur gîte, reçoivent le pollen des fleurs mâles serrées autour de l'orifice.
Dans les figues d'été, où elles se rendent alors, la longueur du style les empêchent de pondre mais la pollinisation est assurée et les fruits pourront murir.
Il se trouve cependant, chez le figuier sauvage, quelques fleurs à style court où les blastophages auront pu pondre: une deuxième génération d'été ira "parasiter" à son tour les figues d'automne à fleurs stériles des caprifiguiers, où les larves passeront l'hiver à l'abri, avant de recommencer le cycle au printemps.
Chez la plupart des figuiers cultivés,les réceptacles ne renferment que des fleurs femelles à style long et la fécondation naturelle est impossible.
Ces arbres, sans doute sélectionnés dès la plus haute antiquité, mûrissent cependant leurs figues par un phénomène de parthénocarpie et donnent deux récoltes annuelles, l'une au début de l'été ("figuiers fleurs" grosses et très succulentes), l'autre à l'automne (figues plus petites mais plus savoureuses).
La visite des blastophages a pour effet de hâter la maturation; elle est indispensable chez certaines variétés non sujettes à la parthénocarpie.
Les peuples méditerranéens avaient observé que le voisinage des figuiers sauvages était favorable aux fruits des arbres cultivés et, très tôt, pratiquèrent la caprification, opération qui consiste à suspendre aux branches des figuiers domestiques des colliers de capri-figues ou des branches de caprifiguiers chargées de fruits porteurs des insectes auxiliaires.
Déjà connue des Phéniciens, la caprification est décrite en détail par Théophraste, quatre siècles avant J-C.
Les anciens, comme la plupart des naturalistes jusqu'au XVIIIème siècle, croyaient à la génération spontanée des insectes.
Les figues, pour eux, engendraient des "moucherons" qui, ayant épuisé les réserves de leur premier gîte, passaient aux fruits des figuiers domestiques: "Ils en ouvrent les pores, et, pénétrant ainsi à l'intérieur, ils y font d'abord entrer le soleil avec eux et livrent passage aux souffles fécondants" (Pline, Histoire Naturelle).
Parfois on plantait aussi des pieds sauvages parmi les arbres cultivés et c'est encore ce que l'on dut faire en Californie quand on y introduisit le figuier de Smyrne, lequel resta stérile pendant 10 ans en l'absence de blastophages.
Dans le midi, on avance de près d'un mois la maturation des figues d'automne non fécondées en plaçant une goutte d'huile d'olive à l'œil, quand ce dernier commence à rougir, à l'aide d'une paille ou d'une plume. Cette pseudo caprification a pour effet d'activer la parthénocarpie.
Certains auteurs assurent que la visite de l'insecte n'a pas d'autre conséquence et que la stimulation consécutive à son entrée dans le réceptacle suffit à susciter ou à accélérer le processus de mûrissement.
À suivre...